Comment tout a commencé

« Très tôt, plus que plus tout, j’aime créer. »

Une adolescence à Aix en Provence, entouré de peintres. Emerveillement pour les couleurs et déjà la matière et la terre ocre aux pieds de la Sainte Victoire. A 20 ans. J’explore les champs du possible qu’ouvre l’ère du numérique, avant même qu’on l’appelle ainsi. Création digitale, beauté du code et goût pour l’immatériel, projection permanente dans un futur sans cesse renouvelé et impression d’être un pionnier. Avec le temps, lassitude et sentiment de vacuité. A quoi bon tout ça !

 

« L’appel de la terre. La vie. »

Je suis père et j’ai quarante ans. Mon rapport à la création, au temps, à la vie est complètement chamboulé. 
J’ai besoin de donner et de transmettre de l’amour, une histoire, un univers personnel. Je veux toucher au propre comme au figuré.

Je découvre la lenteur. Je deviens l’homme primaire. Mes mains doivent redevenir mes outils et la terre ma matière. 
Je touche, je caresse, guidé par l’équilibre des forces.

La forme naît. Le bloc de terre devient objet : imparfait, beau, pérenne.

Complète décomposition. Analyse de la structure.

Battre la terre et la poser sur le tour. Avec gentillesse, mes mains tournent autour d’elle ou elle tourne autour de moi, je ne sais plus vraiment. Je l'enveloppe, je la monte, je l'étreins pour qu'elle devienne pot, plat, bol ou tout autre chose.


Puis lui laisser une respiration bien méritée. Une fois le séchage commencé, on lui donne les derniers détails, on l'affine, on la rend jolie, sans être trop parfaite. On laisse le hasard faire son oeuvre.


La première cuisson l'allège de son jus d'eau. Elle se purifie et devient dure, mais reste encore une petite chose bien fragile.


On place alors son email, maquillage permanent, pour qu'elle resplendisse.


Cuisson finale à 1260°. Elle devient belle, colorée, vivante et entame sa longue vie, peut être pour quelques siècles.